Langoustes à la versaillaise

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Cela s’appelle le Dauphin et la Dauphine, mais j’imagine plutôt deux ministres, ou deux vieux conseillers, qui ont de temps en temps l’oreille du Roi. L’un est sans doute un ecclésiastique, celui qu’on voit de dos, tout couvert de dentelles. On voit bien qu’ils parlent à voix basse d’affaires complexes, et que leurs dix pattes ne sont pas de trop, ni leurs antennes, tant ils tirent de ficelles et tant ils tripatouillent, tantôt se contrariant, tantôt allant dans le même sens, dans une lutte de pouvoir et d’influence qui, entre eux, dure depuis des décennies. La conversation est onctueuse, fournie en protestations d’amitiés, en coups d’oeil méfiants, en allusions vénéneuses, en marques de respect mi-hypocrites mi-sincères : il y a si longtemps qu’ils se détestent qu’ils ont fini par s’apprécier un peu.

La scène est à Versailles, dans les appartements du Roi, et à voir ces deux arthropodes, courtisans arthritiques que La Fontaine aurait pu mettre en scène, on se dit que Joana Vasconcelos, artiste portugaise que le palais de Versailles accueille jusqu’au 30 septembre, a à peu près tout compris des jeux de la cour et du pouvoir.

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