Prenez une cuillérée à café d’huile, versez-la dans un étang. Observez l’huile s’étaler à la surface de l’eau : sa flaque est facile à repérer, car les vaguelettes provoquées par le vent ne se propagent pas sur elle. Si vous vous dites : -Oh, comme c’est drôle !, et que vous poursuivez votre promenade comme si de rien n’était, vous n’êtes qu’une personne bizarre qui se distrait à faire une tache d’huile dans un étang.
Si en revanche vous vous dites : – Je connais le volume d’huile, je connais sa surface d’étalement; en divisant l’un par l’autre, je vais pouvoir calculer l’épaisseur d’une molécule, vous êtes un scientifique. En l’occurrence, vous vous appelez Benjamin Franklin, et il se peut tout aussi bien que, le jour suivant, vous ayez l’idée d’envoyer un cerf-volant en plein milieu d’un ciel d’orage pour voir si vous arriverez à canaliser la foudre.
Si vous pensez que les lunettes à double foyer, imaginées par ce même Franklin, sont d’abord utiles aux hommes (ou aux femmes) adultères, vous n’êtes pas vraiment un scientifique.