En arrière la musique !


J’ai déjà dit ce que je pensais des droits d’auteur et de la loi Hadopi.

Je voudrais rassurer mes collègues musiciens: on faisait de la musique avant le disque, on en fera après. Il est évidemment très regrettable que disparaissent, avec l’explosion du téléchargement et de l’écoute en streaming, une source sécurisée de revenus et de nombreux emplois. Mais l’industrie du disque a-t-elle, lors de son essor dans les années 30, eu pitié des “petits formats” (comme on appelait alors les quatre pages sur lesquelles étaient publiées les paroles et la musique d’une chanson) et des milliers de musiciens qui vivaient en jouant localement ces morceaux avant que l’enregistrement n’en devienne partout disponible?

Chaque fois qu’une mutation est à l’oeuvre, c’est toujours le même discours: on nous assassine, le métier meurt, tout fout le camp (voir à ce sujet mon blog du 11 juin dernier, rappelant que la fédération américaine des musiciens combattait en 1931 la musique “en boite” au motif qu’elle allait provoquer «l’ennui dans les théâtres, la corruption du goût, l’anéantissement de l’art»). Face aux évolutions douloureuses, face à la menace – réelle – dont beaucoup d’artistes se font à juste titre l’écho, le réflexe devient: préservons les acquis, figeons les règles, et cherchons à faire fonctionner le nouveau système selon les règles de l’ancien.

Bref, il semble que l’on crie partout : – En arrière la musique ! au lieu de lui chanter, comme il se devrait : – En avant !
Je souhaite bonne chance à ceux qui pensent résoudre ainsi la question.

S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires