Les dieux ont soif

Les Dieux ont soif, d’Anatole France, est un roman très instructif sur la Révolution française. Son héros, un dénommé Evariste Gamelin, artiste peintre, est juré au Tribunal révolutionnaire. Il va envoyer un nombre considérable de personnes à la guillotine avec les meilleures intentions du monde.


Sa mère, avec laquelle il vit, songe, au début du livre, à son passé, et notamment à sa rencontre avec celui qui allait devenir le père d’Evariste. C’était en 1757. Elle était allée, avec sa propre mère, “sur la place de Grève, dans le magasin de M. Bienassis, orfèvre, pour voir écarteler Damiens. Elles eurent grand peine à se frayer un chemin à travers la foule des curieux. Dans le magasin de M. Bienassis la jeune fille avait trouvé Joseph Gamelin, vêtu de son bel habit rose, et elle avait compris tout de suite de quoi il retournait.Tout le temps qu’elle s’était tenue à la fenêtre pour voir le régicide tenaillé, arrosé de plomb fondu, tiré à quatre chevaux et jeté au feu, M. Joseph Gamelin, debout derrière elle, n’avait pas cessé de la complimenter sur son teint, sa coiffure et sa taille”.

Ce détail m’a frappé doublement. Pour le contraste évident entre la cruauté du supplice et le badinage naissant de l’amour. Et aussi parce qu’il suggère un étrange lien entre les circonstances de la rencontre des parents et la destinée qu’aura leur fils.

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