J’avais commencé il y a quelques semaines à prodiguer quelques conseils aux futurs candidats à l’élection présidentielle. Je n’avais pas encore abordé une question qu’on aurait grand tort de tenir pour hors sujet, tant elle est devenue au contraire capitale : celle de l’acte sexuel. Il est désormais trop tard pour que ma contribution soit utile, deux des impétrants venant de faire les plus éblouissantes démonstrations imaginables de comment, en la matière, il peut être bon, ou calamiteux, d’agir.
Commençons par ce dernier point. On doit absolument s’interdire de prendre à la hussarde toute personne qu’on ne connait pas. On ne doit pas même l’envisager. Si la personne n’est pas consentante, c’est un viol. Et si (ne serait-ce qu’un court instant) elle donne l’impression qu’elle l’est, c’est un piège, ou il y a de fortes chances pour que c’en soit un. Dans les deux cas, on se précipite tout seul, et très vite, dans des difficultés considérables. Si, de plus, on commet cette infâmie (à tout le moins cette imprudence) dans un pays qui ne peut pas s’enorgueillir d’avoir, comme le nôtre, une longue et vénérable tradition d’indulgence envers la gaudriole, principalement lorsqu’elle est commise par des hommes, la police s’en mêle, et la justice, et la presse, et tout devient instantanément public, et non seulement vous avez ruiné vos chances dans la campagne, mais vous êtes passible de soixante-dix ans de prison.
Admirons par contraste le remarquable comportement d’un autre candidat. Il épouse voici trois ans une magnifique jeune femme. Malgré sa beauté, il ne commet pas l’erreur de l’engrosser brutalement : il s’abstient, il attend. Le moment venu, il donne avec application et méthode (avec plaisir aussi, on veut croire), le coup de rein décisif. Un enfant est conçu, qui naîtra quelques mois avant l’élection, à point nommé pour que les jeunes parents fassent la une de toutes les gazettes, et que le nouveau-né attendrisse en faveur de son géniteur quelques précieux pourcents de l’électorat.
Ce n’est plus d’élection dont il est question dans ton manuel du bon usage de la gaudriole, mais bien d’érection présidentielle. Et ne serait-il pas intéressant d’analyser les signes extérieurs de
puissance qui compense une réelle impuissance dans la gestion des crises… Et c’est ainsi que certains politiques dévoilant tout de leur intimité, les électeurs s’écrient : “le Roi est nu !”