« Pour bien écrire il faut faire un effort, non certes pour chercher ses mots, mais pour arriver à bien comprendre ce que l’on veut dire. Il y a une tendance dangereuse à se contenter en tout d’un à peu près. Savoir écrire, c’est ne pas se contenter d’un à peu près ».
C’est Henri Bergson qui parle ici. Ce qu’il dit est extrêmement juste. De même que parler sert bien souvent à découvrir ce que l’on pense (c’est dans ce sens qu’il faut comprendre selon moi l’expression “de la discussion jaillit la lumière”, lorsque votre voix éclaire d’un seul coup vos idées), de même écrire vous sert à préciser cette pensée.
Lorsqu’on enseigne la communication écrite ou orale, on insiste généralement sur l’aspect “message” du discours, et les problèmes éventuels que posent son émission et sa réception. Mais les idées ne sortent pas toutes armées et toutes formulées de votre tête. Elles doivent passer par le filtre réflexif et solitaire du langage, pour échapper à l’état indifférencié et magmatique dans lequel elles se présentent d’abord à la conscience, et pour, à travers les mots, s’élaborer en pensée.