Sarah Polley et Tim Robbins dans The Secret Life of Words (Isabel Coixet)
C’est un passage du film “The Secret Life of Words”. Une infirmière s’occupe d’un grand brûlé. Elle le nettoie. Il s’en remet entièrement à elle. Il n’a pas le choix. Ils franchissent ensemble, par nécessité, les barrières habituelles de l’intimité et de la pudeur.
Elle lui raconte qu’au début de ses études, la toilette des malades lui faisait peur, par crainte précisément qu’ils ne se sentent brusqués, contraints à une familiarité non souhaitée, choqués qu’une étrangère leur lave les fesses, le sexe. Mais elle s’est vite rendu compte que les patients se laissaient faire plus facilement qu’elle ne croyait. Ils s’abandonnaient à elle, et elle comprenait que cela voulait dire : « vous ne touchez que mon corps, Mademoiselle, que mon enveloppe, quelle importance, qu’est-ce que vous savez vraiment de moi ? »
Je pense qu’il se passe le même phénomène pour les journaux intimes, les confessions, les aveux. On lit un livre, ou l’on entend un récit, où quelqu’un d’autre semble se livrer totalement, peut-être même d’une façon qu’on pourra juger très impudique, mais à la fin que sait-on vraiment de cette personne ? Presque rien. Des mots, seulement des mots, une relation, un discours. Je vous dis tout, mais que connaissez-vous, véritablement, de moi ?
Aucun corps, aucune parole, n’épuisent jamais notre mystère.