Chimères

La nature est formidable. De même qu’à la fin du XIXè siècle on pensait en avoir fini avec la physique, de même, en biologie, l’idée s’était installée depuis quelques décennies que chaque individu possède un génôme unique, et que son décodage allait nous fournir la clé de notre existence organique et de notre identité.

Eh bien c’était là aussi, semble-t-il, une erreur de perspective considérable. Les généticiens (d’après un article du New York Times) découvrent que nous sommes biologiquement, la plupart, des « chimères », c’est-à-dire des combinaisons de plusieurs êtres, et que notre génôme n’est pas nécessairement le même selon qu’on le prélève dans notre foie ou dans nos cheveux.

Ce caractère quasi-quantique de nos personnes, et le halo d’indétermination qu’il engendre (au moins dans la compréhension du fonctionnement de nos corps) va forcer la science à formuler d’autres hypothèses, d’autres recherches, d’autres visions du monde et de nous-mêmes. On avait bâti une magnifique construction intellectuelle, voilà qu’un glissement de terrain épistémologique l’ébranle et la met à mal. Tous les Sisyphes en blouse blanche, consternés et joyeux, se retrouvent au pied d’une nouvelle pente, avec leur rocher à pousser.

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Chimère  Notre-Dame de Paris

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