Collins est Ghanéen. Il vit à Athènes. Au Ghana il était fermier. Il n’avait pas de quoi payer des études à ses quatre enfants. Alors il a tenté l’aventure en Europe. Il visait l’Angleterre, ou l’Allemagne, ou la France. Le sort l’a fixé en Grèce, où il vit comme ferrailleur. Il récupère les vieux métaux et les revend 17 centimes du kilo. Une tonne à bout de bras pour cent soixante-dix euros, maigre somme dont il envoie l’essentiel à sa famille. Sa fille aînée vient d’obtenir son diplôme d’infirmière. Une bouche de moins à nourrir.
Ses papiers lui permettent de travailler, pas de voyager. Voyager il n’en a de toute façon pas les moyens. Pas plus qu’il n’a ceux de faire venir en Europe l’un ou l’autre de ses enfants. Il est en quelque sorte prisonnier. Il en souffre et il est triste. Mais il accomplit son devoir de père. Il a tout sacrifié pour offrir à ses enfants une vie au-dessus de la sienne. C’est dans ce dessein qu’il met sa fierté d’homme. Le voir s’accomplir lui donne la force de rester digne.
Et ferraille après ferraille, à raison de douze à treize heures par jour, magnifiquement, il y parvient.
Lorsque les Africains seront deux milliards (vers 2050) et qu’il y en aura 500 millions d’entre eux en Europe, nous partagerons tous la même misère et la boucle sera bouclée.
J’aime décidément ces blogs et celui-là en particulier. Merci et bravo!
j’aime décidément ces blogs et celui-là est émouvant. Bravo Jean-Pierre!