Un gigot socratique

Dans un recueil de haïkus, à ma connaissance hélas inédit, dont il m’a confié une copie, Jean Sarzana écrit :

Bientôt soixante ans que j’aiguise
Mes pensées
Et j’ose à peine trancher ce gigot

Je comprends ces trois lignes comme une très jolie variante du « Ce que je sais, c’est que je ne sais rien » socratique, et c’est cela qui me plait : le bonheur de l’expression, le renouvellement de la forme donnée à une intemporelle pensée. Georges Lavaudant m’avait dit un jour : « Produire un chef d’oeuvre, c’est dire des choses universelles sans employer de lieu commun.»

Ce gigot est un chef d’oeuvre.

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