Des vers luisants et des asticots

Quand une phrase me plaît, je la note, après quoi, en général, je l’oublie au fond de mes carnets.

Toutefois, de temps en temps, je relis, et il arrive qu’un rapprochement insolite et amusant s’opère, comme ici entre Pierre Desproges et Winston Churchill.

Desproges : « Regardons s’agiter ces malheureux dans les usines, regardons gigoter ces hommes puissants boursouflés de leur importance, qui vivent à cent à l’heure. Ils se battent, ils courent, ils caracolent derrière leur vie, et tout d’un coup ça s’arrête, sans plus de raison que ça n’avait commencé, et le militant de base, le pompeux P.D.G., la princesse d’opérette, l’enfant qui jouait à la marelle dans les caniveaux de Beyrouth, toi aussi à qui je pense et qui a cru en Dieu jusqu’au bout de ton cancer, tous, tous nous sommes fauchés un jour par le croche-pied rigolard de la mort imbécile, et les Droits de l’Homme s’effacent devant les droits de l’asticot. »

Churchill : « Nous sommes tous des vers ; mais je crois que, moi, je suis un ver luisant.»

Moi aussi je crois, comme Churchill, que je suis un ver luisant. Toi aussi. Vous aussi. Desproges aussi. Tous. Des vers, soit. De futurs asticots, sans doute. Mais luisants.

Alors, luisons !

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ace24

Lumineux !