Le même Oswald dont je parlais hier me fait parvenir sa dernière production, Instants du jour et de la nuit: une soixantaine de haïkus, six cents mots peut-être, pas plus, pas même l’équivalent de vingt-cinq “tweets”… Mais des instantanés poétiques d’une délicatesse merveilleuse, sourdant de pages blanches aussi immaculées que muettes, comme autant de gouttes chargées de la substance de la vie.
collé au plafond
un lézard
comment voit-il le monde ?
le soleil chauffe encore
mais l’ombre est fraîche
est-ce l’âge ou l’automne ?
entre les dalles du perron
fredonne
un pissenlit
le vent couvre l’étang
de rides éphémères
les miennes ne s’en iront pas
quelques amis sur la terrasse
parmi les rires
rien que sa voix
Tout se tient sur la limite, au point le plus subtil de la distillation d’une sensation en langage. Les mots condensent l’essence du regard et de la pensée. Ce qui affleure est incroyablement fragile et concentré. Juste en dessous, on entend l’intense beauté du silence.
Non. Si j’étais encore éditeur, je les publierai tout de suite…
Ces haiku sont ils publiés ? Où?