Quand dire la guerre ?

Dîner à la Closerie des Lilas l’autre soir avec Michelle Vian et Claudine. Nous reparlons de 1940, de la guerre.

– Il ne faut pas dire la guerre. Il faut dire l’Occupation. La guerre c’est quand on se bat. Nous, on ne s’est pas battus.

Boris était réformé: la question ne se posait pas. Mais plus tard, il écrira le Déserteur. “La guerre / Monsieur le Président / Je ne veux pas la faire / Je ne suis pas sur Terre / Pour tuer des pauvres gens”.

Autre réflexion de Michelle: “cette guerre, pour nous, c’étaient les vieux qui voulaient la mort des jeunes”. On ne mesure pas à quel point la boucherie de la Guerre de 14 a marqué cette génération qui a vingt ans en 1940. Ils et elles sont tous nés dans des familles traumatisées par la mort de proches, ou des disparitions, ou le retour de gueules cassées. La guerre était l’horreur absolue, la connerie suprême, elle leur revenait en pleine figure.

La débâcle de mai-juin 1940, aussi humiliante qu’elle ait été, fut donc aussi un soulagement.

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