Vendredi dernier aux trois baudets, Michelle Vian (la première épouse de Boris Vian, ils s’étaient connus en 1940 quand ils avaient vingt ans tous les deux) m’a fait le plaisir et l’honneur d’assister à mon concert. La formule peut paraître plate et surannée, pourtant c’est la bonne, si l’on veut bien un instant redonner leur sens à ces mots : plaisir, et honneur.
Michelle est une femme toute menue de 90 ans, qui a absolument toute sa tête, vous parle de ses soirées avec Sartre ou Duke Ellington comme si c’était hier, mais qui ne sort pratiquement plus jamais. C’était donc très exceptionnel, ce moment, et assez émouvant, pour elle comme pour moi, d’autant plus que j’ai créé ce soir-là devant elle Un Jour, le poème de Vian que je venais de mettre en musique, sur la scène même où Boris Vian avait fait ses débuts de chanteur.
Lorsqu’elle est arrivée sur place, Claudine (avec qui on la voit ici en photo) l’a accueillie, et Michelle lui a dit : -Savez-vous que l’année de ma dernière venue aux trois baudets, c’est… 1953 ?
Ça remonte à loin, en effet. Pour vous dire : c’est l’année de ma venue au monde.
Merci pour cette photo prise à la Closerie des lilas au printemps dernier, je l’aime bien.
Avec le Bison dans ta constellation en 1953 d’étranges correspondances se sont sans doute produites. Indépendance d’esprit, humour, éclectisme, jeux de mots, poésie, détestation des fâcheux,
apolitisme et méfiance des théories- il y a entre vous plus d’un point commun, Michelle ne s’y est pas trompée !
C’était une très belle soirée, chaleureuse et tout simplement : merci.