Courir le monde

Mon amie Mathilde A. tient sur Facebook un album qu’elle a intitulé “Could be me?” On y trouve des photos de femmes magnifiques, légendées d’une pensée de chacune d’elles. C’est là que j’ai retrouvé Ella Maillart (1903-1997), infatigable voyageuse, exploratrice, écrivaine, sportive, photographe, dont la vie s’est en majeure partie passée à courir le monde. Et que nous dit Ella ? « Courir le monde ne sert qu’à tuer le temps. On revient aussi insatisfait qu’on est parti. Il faut faire quelque chose de plus.»

Cela me rappelle ces mots du poète latin Horace: Caelum non animum mutant qui trans mare currunt (ils changent de ciel, mais pas d’âme, ceux qui courent au-delà des mers). La vanité ontologique des voyages est connue depuis l’antiquité.

Mais ce n’est pas vraiment le débat. Que l’on coure le monde ou que l’on cultive son jardin, on n’agit pas en fonction d’une décision rationnelle, on obéit d’abord à son caractère. Chez certains, “le désir de voir et l’humeur inquiète” l’emportent. Et j’aime ceux qui agissent selon leur nature, si elle est noble et généreuse, quand bien même in fine ce qu’ils font n’aura servi qu’à tuer le temps, ou à rien.

picture-spot-cdepardon_-voyageurs-du-monde.jpg© Raymond Depardon / Voyageurs du monde
S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires