Du doigt à la Lune

J’ai appris beaucoup de choses lors de la conférence de Jacques Paget lundi dernier. En particulier, que toute l’illusion moderne (dite de close-up) ne repose plus sur des “trucs” (poulies, tiroirs, doubles-fonds, projections, mécanismes divers), mais sur la psychologie. C’est la victime de l’illusion qui va, pour une large part, construire l’illusion elle-même. Pour cela, l’illusionniste propose une situation de départ, puis, usant de silence, de calme, de cohérence et de sympathie, instille le doute chez l’autre, tout en sollicitant sa capacité d’extrapolation à mesure que la situation évolue. Jacques a bien insisté là-dessus, en citant Lao Tseu : « Quand le sage montre la Lune, l’imbécile regarde le doigt ». Tout le travail d’extrapolation se situe dans le trajet du doigt à la Lune. Corollaire : on ne peut pas duper un con.

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J’ajouterais que même si l’on parvenait à décoller du doigt le regard du con, on n’arriverait pas à le duper pour autant. Car, si j’ai bien compris, l’autre ingrédient nécessaire à l’illusion est le doute. Or les cons ne doutent de rien. (Ils osent tout ; « c’est même à ça qu’on les reconnait », disait Audiard). Cela me rappelle ce dialogue de Georges Courteline : « – Seuls les idiots n’ont pas de doute. – Vous en êtes sûr ? – Certain ! »

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