Parmi les chansons “1900” que nous avons chantées avec Papa, l’une de celles sur lesquelles nous nous sommes le plus attardés est “Ah ! C’qu’on s’aimait”, créée par Fragson en 1913.
A la base, deux versions étaient en concurrence : celle de Fragson lui-même, et celle d’André Claveau, enregistrée en 1941. Papa penche pour cette dernière : elle est de bien meilleure qualité sonore, et dans un goût plus romantique. Mais celle de Fragson a le son de la Belle Epoque, son côté expressionniste, sa manière démonstrative, et elle est complète, avec les trois couplets.
Il faut noter que c’est l’un des derniers enregistrements de Fragson. Il est mort à la fin décembre 1913, assassiné par son père octogénaire à coups de revolver. On n’a jamais élucidé les raisons de ce drame. Certains pensent que le père craignait d’être envoyé par le fils en maison de retraite, d’autres parlent de jalousie, d’autres encore d’histoires d’argent. Fragson avait connu de tels succès, en Angleterre et en France, qu’il avait amassé une véritable fortune, et que ses droits d’auteur avaient généré – et allaient encore longtemps continuer à le faire – des sommes considérables. Mais il mourut sans héritier, et l’Etat récupéra le tout.
(Pour ceux qui s’intéressent à la chanson de cette époque, je conseille d’aller faire un tour sur le site “Du temps des cerises aux feuilles mortes“, dont j’ai tiré le document sonore et où ils trouveront énormément d’informations).
PS: j’ai une pensée pour Allain Leprest, parti cette semaine rejoindre Fragson et André Claveau.