Si bémol

“J’ai examiné un si bémol de moyenne grosseur. Je n’ai, je vous assure, jamais vu chose plus répugnante”. Ainsi parle Erik Satie. Et de fait, pas de trace de si bémol dans son oeuvre la plus célèbre, la première gymnopédie (mais il s’en glisse quelques-uns, horresco referens, dans la seconde).


On peut imaginer que cette aversion pour le si bémol était partagée par son ami Alphonse Allais, pour qui elle devait même s’étendre à tous les frères, soeurs et cousins de ladite note, puisque la composition magistrale qu’il nous a laissé est une marche funèbre, dont les musicologues étudient avec émerveillement la partition:


Son titre exact est “Marche funèbre, composée pour les funérailles d’un grand homme sourd”
Elle était précédée d’une préface:
“L’auteur de cette Marche funèbre s’est inspiré, dans sa composition, de ce principe, accepté par tout le monde, que les grandes douleurs sont muettes. Ces grandes douleurs étant muettes, les exécutants devront uniquement s’occuper à compter des mesures, au lieu de se livrer à ce tapage indécent qui retire tout caractère auguste aux meilleures obsèques.”

S’abonner
Notification pour
guest

2 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
marie fpe

Un bémol n’EST pas une note, Môsieur, c’est une altération (alter as scions du bois). Il a un bon gros bide qui le tire vers le bas. Je l’aime bien, moua.
En plus, méfions nous d’Allais: sa partition paraissant vide ne l’est peut-être pas, de même que d’une photographie saturée de lumière, on n’y voit que du blanc. (voir le dernier livre de l’Oulipien Rigaud).

jacques langlois

Pour revenir à un humour à ma portée, je note que Satie et Allais ne répugnaient pas aux fa dièse.