Papa (94 ans) retrouve une pile d’anciennes correspondances, qu’il relit devant moi, et qui raniment chez lui de vieux souvenirs.
Il ouvre une minuscule enveloppe, datée du 27 décembre 1938. Ce sont les voeux que lui adresse un de ses camarades de l’époque. C’est amusant d’imaginer deux garçons de dix-sept ans s’écrivant pour se souhaiter la bonne année. Mais à lire le texte, bref, sans fioriture, je me dis qu’au fond, c’est l’équivalent d’un texto d’aujourd’hui.
« P….., me raconte-t-il, c’était un de mes bons copains. Mais il a mal passé la guerre. Il s’était engagé dans la milice… En 1944, je me souviens, je l’ai croisé dans les jardins du Luxembourg. Il portait son uniforme. — Albert ! s’écria-t-il en m’apercevant, ça va mal ! Ah ! la la… Qu’est-ce que je dois faire ? — Commence donc par changer de tenue, abruti !… »