Je prenais mon petit déjeuner au soleil sur la terrasse. J’avais mangé une poire délicieuse. Un frelon asiatique vint se poser dans mon assiette, laquelle prétendait que la Fortune sourit aux audacieux. L’insecte, comme enhardi par la devise, s’attaqua à mes épluchures.
Quand il fut bien absorbé à sa tâche, je pris mon couteau et le coupai en deux, à la taille, d’un geste vif. Les deux parties du corps s’agitèrent séparément. Tout-à-coup, dans un spasme bourdonnant, la tête et les ailes s’envolèrent, abandonnant là l’abdomen et son dard, en proie à de décroissantes convulsions.
Ce départ inattendu du thorax me fit sursauter. Je me surpris à penser que, comme une hydre, le frelon allait se régénérer, plus gros et plus fort qu’avant, et revenir d’un coup de mandibule happer le reste de ma poire et peut-être un bout de mon doigt.
Il en faut peu pour que l’esprit bascule dans des considérations fantastiques.