Caresse
Les Légers pensent que le temps n’est jamais perdu si on l’a senti couler. Si l’on en a goûté, sensuellement, les secondes. Combien de fois les surprend-on, les yeux fermés, ou grand ouverts, à ne rien faire qu’à l’éprouver passer ?
A celui-ci, il fait l’effet d’une eau fraîche glissant sur sa peau nue. A cet autre, d’un coup de vent dans ses cheveux. Pour un troisième, il est l’archet sur le violon, ou le frémissement de l’air sur ses cordes vocales, quand naît une musique qui ne joue pour personne.
Et tous pourraient évoquer la caresse d’une Ineffable, dont la douceur implacable parfois les fait pleurer.
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Stratosphère
« S’envoyer en l’air ». Le Léger aimerait trouver une expression moins triviale, bien sûr, mais comment mieux décrire ce qu’ils éprouvent, l’Ineffable et lui ? Car parfois ils s’envoient en l’air si fort, si haut, si loin, qu’ils échappent à la pesanteur, qu’ils planent dans une sorte de stratosphère, et qu’ils s’y déploient dans un état si libre, si voluptueux, si détendu, si miraculeux, et pendant si longtemps, qu’il s’en faut d’un rien pour que, jamais plus, ils ne redescendent.
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(à suivre)