Éblouissement
Ayant fait un peu de sport, le Léger procède à des étirements à l’ombre d’un arbre. Penché vers l’avant, les yeux fermés, plié en deux, il s’efforce de toucher avec ses doigts le bout de ses chaussures. Il laisse le poids de son corps, centimètre par centimètre, rapprocher ses mains du sol. Heureux des sensations physiques qu’il éprouve, il se surprend à chantonner une vieille chanson des Beatles.
Il se redresse ensuite lentement, les paupières toujours closes, et alors qu’il va étendre ses bras vers le ciel, il sent que des lèvres se posent sur les siennes. Il ouvre les yeux et les referme aussitôt. Il est ébloui. L’Ineffable est devant lui. Elle porte une robe jaune légère qui s’accorde à son sourire et à l’allégresse du beau temps. C’est le début de l’été. Tout se dissout en chaleur et lumière.
Il a cessé de chanter. C’est elle qui reprend. Here comes the sun, dit le refrain.
*
Gage
– Je te parie que nous serons de retour à la maison avant la pluie, dit-elle.
Il regarde. Le ciel est bien sombre.
– Ça m’étonnerait. Je te parie que non. C’est quoi l’enjeu ?
– Donner à l’autre un très long baiser. D’accord ?
– D’accord.
Elle sourit :
– Tu vois, comme ça, pluie ou pas pluie, tout le monde gagne.
*
(à suivre)