Julia Aquila Severa était la femme de l’empereur romain Héliogabale (203-222). Comme c’était une vestale, son sort était de demeurer vierge ; même à un empereur, il était interdit de l’épouser. Héliogabale cependant passa outre, afin « d’avoir des enfants divins ». Encore faut-il pour cela un minimum d’appétit pour l’autre sexe. Héliogabale en était totalement dépourvu. Il aimait les colosses et les orgies avec ses gitons. Il ne toucha jamais Julia, et s’en sépara assez vite.
C’est curieux comme la statue de cette femme ressemble à son destin. Arrachée au service de la divinité, pour être livrée aux assauts d’un jeune mortel à qui elle ne pouvait pas plaire : la vie a vite fait de vous cabosser. A regarder de près son portrait, on dirait un Picasso : il est à la fois de face et de profil. Mais le sculpteur n’y est pour rien. Certains disent que le bâtiment qui abritait la statue s’est effondré au cours d’un tremblement de terre, lui défonçant ainsi le visage. D’autres prétendent qu’elle a été victime de la damnatio memoriae de son mari, c’est-à-dire, à Rome, d’une déchéance posthume publique et officielle, au terme de laquelle toutes les statues de l’un et de l’autre furent renversées, et leurs noms martelés pour être effacés des inscriptions où l’on pouvait les lire.