Les trois sortes de conversations

chuchoter

Il disait que son père lui avait appris qu’il y avait trois sortes de conversations : les conversations sur les personnes, les conversations sur les choses, et les conversations sur les idées. Les premières tournaient souvent en ragots, racontars et médisances ; elles étaient à éviter. Les deuxièmes se fixaient fréquemment sur l’avoir et la possession : ma nouvelle voiture, ton appartement, le vêtement ou le bijou qu’il ou elle s’est acheté ; il fallait s’en méfier de la même façon. Les troisièmes, on y échangeait impressions, sentiments, opinions, connaissances. Celles-là seules valaient le coup : on s’en enrichissait, on en sortait grandi.

Je me demandais par quel miracle, depuis vingt ans que je le fréquentais, j’avais toujours trouvé cet homme d’une compagnie si agréable : il en livrait là le secret.

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Éric Padieu

Quatrième catégorie ? Pas si sûr : “je” est un autre, et échanger deux monologues (voire plus) avec un “autre autre” n’est alors qu’une sous-catégorie de la première. La preuve, chacun est capable de colporter des ragots, racontars ou médisances sur cet autre.
Comble de la paranoïa ordinaire ?

Langlois

Il y a, me semble t’il, une 4è catégorie, peut-être plus récente, en tout cas plus visible (audible?) grâce aux moyens contemporains dits de “communication”: c’est la conversation où chacun parle avant tout de soi-même, seul vrai centre de son intérêt. de ce point de vue, Facebook – que je découvre ces temps-ci ( eh oui, je garde un âme de pionnier…) – en est une criante caricature. Mais il est vrai que sous l’apparence de conversations se cache en réalité une simple et souvent pathétique juxtaposition de monologues.