Je ne sais pas ce qui a pris aux garçons, depuis quinze ans ou vingt ans, de s’épiler. A mesure qu’ils laissaient repousser leur barbe, les hommes, curieusement, se sont rasé le reste : la poitrine, les bras, les jambes, le crâne souvent, et même, paraît-il, le pubis.
Le corps glabre est devenu à la mode. On ne voit plus d’hommes velus dans les publicités. Ma génération associait poils et virilité : c’est fini. Voyez James Bond. Biceps et pectoraux désormais bien visibles sous une peau lisse, voilà le nouvel idéal masculin. L’homme nu ne doit plus être à poil.
Les tatouages, en revanche, sont les bienvenus. Mais ça c’est unisexe. Toutes les filles en ont.
(Il me revient un souvenir. C’était vers les années 1980. Nous étions trois amis un peu plus velus que les autres. Il nous plaisait de penser que ça plaisait aux filles. Parfois, vers la fin d’une soirée, nous déboutonnions nos chemises. On demandait à celles qui le voulaient bien de venir, yeux fermés, caresser nos torses, et de décider qui avait le poil le plus doux. C’était toujours Max qui gagnait.)