Ceux qui ont assisté au festival Chansons et Mots d’Amou l’an dernier ont pu y assister à une lecture magistrale de La longue route, de Bernard Moitessier, faite par le comédien Stanislas de la Tousche. Moi qui connais bien le livre, et l’histoire qu’il raconte, j’avais été saisi à l’entendre par une très forte émotion, tant Stanislas avait trouvé le ton juste pour dire les mots, à la fois prosaïques et mystiques, de ce navigateur incroyable, seul face à l’océan, au ciel, au vent et à lui-même.
De passage à La Rochelle, il est allé voir Joshua. Joshua est le bateau sur lequel Moitessier a vécu. C’est un ketch de douze mètres construit en 1962. Il navigua d’abord en Méditerranée, puis Moitessier et sa femme l’emmenèrent à Tahiti, via les Antilles et le canal de Panama, avant de revenir par le Cap Horn jusqu’à Alicante. Ce retour constituait à l’époque le plus long parcours sans escale jamais accompli par un voilier.
En 1968-1969, ce fut la longue route. Puis, jusqu’en 1980, la plupart du temps, Moitessier vivra à son bord, à Tahiti. En 1982, alors qu’il se trouve au mouillage à Cabo San Lucas sur la côte occidentale du Mexique, un cyclône le frappe pendant la nuit. « Vingt cinq bateaux massacrés. Pas de pardon. Les coques défoncées à perte de vue. Joshua démâté, mèche du gouvernail en deux morceaux, chandeliers aplatis sur le pont, bout-dehors plié, écoutilles et balcons arrachés, hublots en miettes, cabines et poste avant remplis de sable, de graviers et d’horreur.1 »
Moitessier parvient néanmoins à le remettre à flot. Il le donne à deux mexicains. On perd alors sa trace. Sept ans plus tard, on le retrouve du côté de Seattle. C’est alors que le musée maritime de La Rochelle l’achète pour le restaurer.
1 Tamata et l’Alliance, Editions Arthaud