Futile

Céline écrit à propos de l’un de ses personnages du Voyage au bout de la nuit : « Il avait le vice des intellectuels, il était futile. Il savait trop de choses ce garçon-là et ces choses l’embrouillaient ».

Etre futile, c’est, nous dit le dictionnaire, « attacher de l’importance à des choses sans valeur réelle ». Le mot vient du latin futilis : « qui laisse échapper son contenu ». Un récipient qui fuit ne sert en effet pas à grand chose, et de « qui fuit » à inutile ou vain, il n’y a qu’un tout petit pas.

Que mes amis intellectuels (j’en ai quelques uns) me pardonnent, mais relue à la lumière de l’étymologie cette phrase me fait rire. Je vois un savant « qui laisse échapper son contenu », une sorte d’incontinent de la pensée, le pantalon mouillé de théories, les chaussures pataugeant dans une flaque de concepts, et qui devrait mettre des protections de toute urgence pour empêcher ses idées de dégouliner jusqu’au ruisseau.

(Quant à l’idée que l’excès de savoir « embrouille », je la rapproche de cette réflexion de George Bush père, qui n’était certes pas un intellectuel (quoiqu’un peu plus que son fils), et disait que pour être un bon président, il fallait « avoir assez de bon sens pour résister à la culture ».)

 

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Pierre-Paul FOURCADE

Excellent !