Dieu vomit les tièdes

Cette dame me dit : – Dieu vomit les tièdes. Vous savez, c’est dans Saint Jean. Dans l’Apocalypse. Dieu vomit les tièdes. Dans ce cas, je suis une vomissure de Dieu. Etre vomie, est-ce une modalité particulière de création ? Si oui, comment fait-il les autres ? Chie-t-il les chauds ? Crache-t-il les froids ? On ne nous dit rien là-dessus. C’est dur à avaler, vous savez, des paroles comme ça.

Je vois bien qu’elle est en colère, et je ne la trouve pas spécialement tiède dans son expression. Je comprends ce qu’elle veut dire. Moi aussi je me sens tiède : pondéré, mesuré, raisonnable. Ce sont des qualités utiles à la vie sociale. Je les apprécie. Je les revendique. Mais je comprends aussi Saint Jean. Dieu ne passe pas par des gens comme moi. Il a besoin d’exaltés, de fervents, de généreux qui vont à la rencontre de leurs frères en détresse. Il a besoin de personnes qui vont au-delà d’elles-mêmes et savent donner aux petits, aux blessés, aux faibles, aux marginaux, du temps et un espoir d’amour. Il a besoin de gens qui sortent de la tiédeur douillette de leurs maisons, avec un cœur bouillant pour combattre l’extrême froideur dans laquelle le monde enferme ceux qui n’ont rien.

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