Poursuivons avec Nerval. Il n’est pas simplement mort pauvre : il est mort fou.
On le vit un jour de 1841, dans les jardins du Palais Royal, promener un homard vivant au bout d’une laisse de satin bleu.
A des passants qui s’en étonnaient, il répondit : « En quoi un homard est-il plus ridicule qu’un chien, qu’un chat, qu’une gazelle, qu’un lion ou toute autre bête dont on se fait suivre ? J’ai le goût des homards, qui sont tranquilles, sérieux, savent les secrets de la mer, n’aboient pas… »
A la vérité, je n’entends rien de fou dans sa remarque. Il n’empêche qu’on l’interna.
Un siècle plus tard, Dali inventa le téléphone-homard. La forme et la taille du crustacé rappelaient en effet celles du combiné. Dali se faisait volontiers passer pour fou, mais comme c’est un homard cuit qu’il utilise, sans risque de se faire pincer l’oreille, on voit bien qu’il ne l’était pas.