Il y a quelque chose de joli et de nostalgique dans ces quatre chaises sous leur arbre. Elles évoquent une conversation passée. Quatre personnes, plutôt des femmes, se sont sans doute assises là pour y prendre le thé, ou une orangeade, une après-midi d’été, à l’ombre, sous des chapeaux de paille. Elles ont échangé d’une voix claire des choses banales, et puis l’une d’elles s’est levée (mon Dieu ! Six heures, déjà… Il faut que j’y aille) et toutes s’en sont allées. Le temps a passé — combien ? Trente ans ? Soixante ans ? Les chaises n’ont pas vraiment bougé, il faudrait leur donner un coup de peinture ; quant aux paroles qui avaient été dites, elles se sont envolées depuis longtemps, dissipées dans le vent des saisons, sous les branches.

Elles sont posées ainsi pour susciter l’imagination. Certains disent : quatre amies sont assises sous cet arbre, vous ne les voyez pas, elles sont si légères – quatre petits fantômes. Dans leur brocante, je les ai vues ainsi posées à l’ombre du prunier, prêtes à accueillir les causeuses (ou les bavardes) de Camille Claudel, toutes nues. D’autres voient la scène, ici ou ailleurs… il y a près de 100 ans. Les chaises sont d’époque (1920/25) -surtout ne pas les peindre. Leur couleur est magique !
nostalgique…
Beau texte! rien de surprenant à cela, mais quand même…