Une épingle est tombée dans le chant des cigales

En feuilletant un livre intitulé “Les jardins du plaisir, érotisme et art dans la Chine ancienne”, j’ai été frappé par ce poème, où tout est son :

Chevelure défaite par le coq matinal
Une épingle est tombée dans le chant des cigales
Écoutons dans la paix le vent printanier bruire
Sous le paravent peint faisons tourner nos corps
Ying Xingcai

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Il y a, d’abord, le silence. Dans ce silence, le coq se met à chanter, on entend les cigales, le vent bruit, et les corps exultent. Toute une symphonie sonore et lointaine s’est mise en place à l’arrière plan. La nature tout entière s’est faite musique, sur fond de silence. Le silence fonctionne comme le fond blanc de l’estampe, sur lequel les détails s’agencent : épingle, cheveux défaits, paravent. En creux, vient tout le reste, qui n’est pas nommé : le crissement des étoffes, le frottement des peaux, le bruit léger et humide des baisers, le gémissement de l’amour.

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