Tour à tour

Une essayiste, que je ne crois pas connaître, m’informe par courriel de la parution de son dernier livre, lequel propose « une lecture symbolique du 11 septembre qui vient marquer, avec l’effondrement des tours du World Trade Center, l’effondrement d’un monde ».

World_Trade_Center_9-11.png

Bien. Rien en soi de très original, car ce n’est pas le premier ouvrage, et ce ne sera pas le dernier, qui prend le sujet sous cet angle. En revanche, la phrase qui a retenu mon attention est celle qu’on peut lire un paragraphe plus loin : « L’archétype du diable vient titiller la société de ses multiples acceptions pour tour à tour nous étonner (Satan), nous effrayer (diable), réveiller les démons endormis (daimon/guide intérieur) et finalement apporter la lumière (Lucifer/ père des consciences) d’une société future en gestation ».

Ce que je trouve ici admirable, ce ne sont pas ces variations sur les figures du Démon, qui relèvent d’une fantasmagorie fastidieuse, fatigante et dont on peut, à mon sens, très bien se dispenser. Non: c’est l’audace inconsciemment provocatrice et humoristique, lorsqu’on vient d’évoquer le 11 septembre, de l’expression tour à tour. L’emploi de cette tournure est remarquable, justement parce qu’on ne sait pas s’il est subtil, ou de très mauvais goût.

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cepheides

Dans le pathos empreint de religiosité absconse que tu cites, je reste persuadé que l’auteur ne s’est même pas rendu compte que sa tournure de phrase pouvait être mal interprétée…