Mon article de samedi sur les indications musicales, une fois publié sur Facebook, a suscité des commentaires de la part de lecteurs avisés.
Le premier fut posté par François-Frédéric Guy, qui s’exclame : – Oh MA pièce d’Hugues Dufourt!! Eh bien oui, cher François-Frédéric, j’avoue mon larcin: j’ai bien dérobé cette partition sur ta page, tant elle m’avait intrigué. (Voilà une jolie chose qui ne se produit que dans le monde numérique : le vol qui n’en est pas un. On subtilise un document, mais son propriétaire n’en est pas démuni pour autant.)
Les autres émanaient de deux musiciens, qui suivent François-Frédéric, et qui, voyant qu’il avait commenté mon article, l’ont lu et commenté à leur tour. Ils ont rappelé poliment que, contrairement à ce que je laissais accroire, les innovations en matière d’indications musicales n’avaient jamais été interrompues. Et ils évoquaient le grand maître en la matière : Erik Satie.
Comment avais-je pu l’oublier ? « Comme un rossignol qui aurait mal aux dents », « gluant », « encore plus barbant si possible », « retirez votre main et mettez-la dans votre poche » : ses annotations sont en effet les chefs d’oeuvre du genre. Pour une de ses célèbres Gnossiennes, que je me souviens d’avoir jouée autrefois, il indique : « Postulez en vous-même », ce qui constitue l’impératif le plus flou, et à ce titre sans doute l’un des plus admirables, qui se puisse concevoir.
Pierre Alechinsky / Satie en miroir © D Hasselmann