Savez-vous planter les choux © Francis Moreeuw
Josef Ratzinger, devenu pape sous le nom de Benoit XVI, n’a pas été dans sa jeunesse, à ce que je sache, planteur de choux. Il se trouve cependant dans la même situation que l’un de ses prédécesseurs anonymes, qui, si j’en crois La Fontaine, avait un temps cultivé les crucifères avant d’être placé sur le trône pontifical, et qui se demandait :
Et puis la papauté vaut-elle ce qu’on quitte,
Le repos, le repos, trésor si précieux
Qu’on en faisait jadis le partage des Dieux ? *
Etre pape, en effet, fatigue. Les âmes des chrétiens pèsent plus lourd encore que les ors du Vatican : or il faut porter les deux à la fois. Josef Ratzinger aspirant à retrouver le repos, il démissionne. Je ne l’en blâme pas, bien au contraire. Il faut beaucoup de force de caractère pour se décharger ainsi de tels fardeaux à la face de Dieu et du monde, renoncer urbi et orbi au Saint-Siège et à ses pompes, échanger la tiare pour le bonnet, la crosse pour la binette, et retourner sagement s’occuper de ses humbles plates-bandes, à l’écart.
(* L’homme qui court après la Fortune et l’homme qui l’attend dans son lit, Fables VII, 12 )
…”échanger la tiare pour le bonnet, la crosse pour la binette” et le soir venu, les pompes vaticanes pour des mules (mais pas celle(s) du Pape, évidemment).Bref, buller enfin benoîtement.
Requiescat in pace!