Ce ne sont rien, que de tout petits signes.
Un morceau de peau flasque que vous apercevez fugitivement dans la glace, en sortant de la douche. Pas sur le visage, là où vous l’attendez (car vous y surveillez les progrès du temps depuis un moment déjà), mais sur un bras, dont le tonus musculaire soudain vous parait moindre, ou sur votre poitrine, un bout d’épiderme trop grand, ou sur votre cou : quelque chose, tout-à-coup, de perceptiblement affaissé.
Un de vos fils, qui vous reçoit chez lui : il vous accueille, vous êtes son invité, il a organisé votre venue, il vous conseille sur ce qu’il y a à faire ou ne pas faire. Et vous, vous vous laissez guider, c’est lui qui dirige, qui vous instruit, vous lui avez passé la main.
La personne que vous aimez, qui partage votre vie, dont le sourire s’éclaire un matin d’une nouvelle ride, et qui, posant sur vous le même regard que celui que vous portez sur elle, vous dit que ce qu’elle voit l’attendrit.
Ah ! Et puis il y a aussi ces trois pilules que depuis quelque temps vous devez prendre tous les jours, au petit-déjeuner.
Tes enfants s’affirment sur la scène de la vie active et indépendante – certes. Mais toi tu as ta scène (et même ta Seine pour deux soirs), et sur scène, t’as pas changé ! Tu es toujours égal à toi-même et beau comme au 1er concert – c’est ce que je m’était dit à ton 10e anniversaire (de scène). La scène t’offre une parcelle d’intemporel dans le grand bain du temps… Non ?
Comme c’est vrai, hélas !