Buste de Charles Péguy © Hélène Richard
Notre ami Pierre Fesquet donnait l’autre soir, en compagnie de Michael Lonsdale, une lecture de textes de Charles Péguy. Comme dit l’autre, « on ne lit pas Péguy pour se divertir ». Et en effet, malgré tout leur talent de comédiens, je le dis tout net : c’est pour moi éprouvant d’écouter du Péguy.
Etait-ce le choix des textes ? J’ai entendu ce soir-là les mots d’un homme que j’ai trouvé confit dans un passéisme conservateur, exaltant le peuple français comme étant l’élu du Seigneur, certain que ses jardiniers, ses artisans, ses vignerons sont formés « depuis quatorze siècles » par Jésus lui-même, et que ses bergères se transforment si besoin est, le moment venu, en sauveuses. Le tout saupoudré de bellicisme mystique et autres illuminations nostalgiques de la même farine.
Quant à la forme, Péguy écrit comme un boeuf rumine. Il ressasse la même idée à longueur de page, répétant ses phrases, permutant un mot par ci par là, mais revenant sans cesse, de vers en vers, à une mastication verbale vaguement hypnotique, qui pour certains fait son génie, et pour moi son ennui. Péguy est le contraire de la légèreté.