Du temps que je cherchais à développer mes compétences de manager, j’avais entendu un Américain résumer l’art de conduire une entreprise dans une formule : to get the herd heading roughly west (faire en sorte que le troupeau se dirige en gros vers l’ouest).
J’y trouve deux idées intéressantes, surtout à la lumière de la référence à la mythologie du cow-boy (grands espaces, aventure, conquête) : d’une part celle de conduire un troupeau, d’autre part celle de savoir où se situe l’ouest.
La première dérive, en plus abrupt, de la parabole du bon pasteur. Les ensembles de personnes auxquels un manager a affaire (employés, clients, sous-traitants) sont assimilés à du bétail. Un manager doit être capable de diriger une collection de têtes (de veaux, voire de mules) pour les amener à bon port. On sait qu’il y aura des rivières à traverser à gué, et des défilés à franchir. L’usage des sifflets et du lasso est implicite. Après quoi j’imagine qu’on allume un feu de bois, et qu’on se grille une Marlboro.
Quant à la seconde, elle est plus subtile qu’elle n’en a l’air : dans la nature, au far west comme ailleurs, l’ouest c’est la direction du soleil couchant. Mais dans une entreprise ? Comment détermine-t-on où est l’ouest ? Qui fixe le cap, et l’indique clairement ? Evidemment pas le bétail, qui n’est qu’une bande de boeufs. Donc… le boss.