On se souvient qu’il y a deux ans, Bernard Madoff était arrêté pour escroquerie après avoir fait s’évaporer une cinquantaine de milliards de dollars appartenant à des épargnants fortunés. Parmi ses victimes ne figuraient que des riches, si bien qu’une partie du public s’était réjouie que soient ruinés ou appauvris ceux qui, en achetant du “Madoff”, avaient surtout semblé guidés par l’appât du gain. Ils étaient en quelque sorte punis par où ils avaient péché.
Or un événement récent prouve que l’appât du gain n’est peut-être pas, chez les riches, une motivation aussi universelle qu’on le croit : la semaine dernière était organisée par la justice américaine à New York une vente aux enchères d’effets personnels de M. Madoff, dont le produit était destiné à fournir un début d’indemnisation aux victimes. Un des lots de cette vente, estimé à 110 $ maximum, comprenait une chemise (monogrammée) de Madame Madoff, et une paire de chaussons (monogrammés eux aussi, voir photo) de Monsieur.
Le lot fut adjugé pour 6000 $ (six mille dollars) à un homme qui a préféré rester anonyme. Interrogé sur ce qu’il comptait en faire: – Rien, a-t-il répondu, c’est du 8 1/2 et moi je chausse du 13.*
Pour le même prix, j’offre à l’heureux acquéreur les “Pantoufles” de Jean Constantin.
* Converti approximativement en tailles françaises : c’est du 40, moi je chausse du 46.