Ils sont forts, chez Monoprix. Ils ont refait entièrement le packaging des produits vendus sous leur marque. Plus d’image ou d’illustration: juste le nom de ce qui est emballé, et un slogan qui tient en deux ou trois mots. Par exemple : Petits Suisses, Déroulez jeunesse, ou Papier Hygienique, des serpentins pour les fesses, ce qui relève un peu du même ordre d’idée. Le tout avec un côté ludique et enfantin, et d’ailleurs le Beurre Doux est approuvé par le petit chaperon rouge.
En passant au rayon produits d’entretien, j’avise, à hauteur de mes yeux: Trois Blocs WC, Montez sur le trône de Neptune. – Ça ne doit pas être rien, me dis-je, de se retrouver sur le trône de Neptune. Et hop! Je les embarque dans mon chariot.
Sur le chemin du retour, je suis impatient de transformer l’endroit le plus modeste de notre appartement en une pièce majestueuse avec vue sur les plus bleus des horizons, d’y déchaîner vents et tempêtes, et de commander aux maelströms tourmentés qui entraînent poissons et navires vers les abysses.
– Prends garde cependant à ne pas t’asseoir sur ton trident, ai-je pensé.
J’avoue que ces nouveaux packagings Monoprix (enfin, ils sont apparus fin 2010) me ravissent la plupart du temps. Or je ne constitue pas un public facile pour tout ce qui relève du marketing, ou pour mieux dire je suis rétive à tout cet univers. Chacun de ces produits de la marque Monoprix est assorti d’une accroche qui procède non pas, comme en pub, d’une affirmation prétentieuse ou quasi mensongère, mais d’une phrase qui fait écho au nom du produit, et nous entraîne dans une traverse poétique et bon enfant, où l’humour côtoie des références communes. Cette accroche nous lance un clin d’oeil… D’autant plus que ces packagings adoptent une typo en capitale, très colorée, d’une casse si exagérément grosse qu’elle vire toute image et tous les codes couleurs traditionnels de l’étiquette. Nous voguons sur les mots, exit la civilisation de l’image, le sourire ou l’imaginaire sont activés, ne serait-ce qu’une seconde… Un exemple qui me revient en mémoire. Il ne s’agit même pas de l’accroche, juste de la manière dont on a imagé le produit avec des mots : JUS D’OR ANGE Cela me ravit…Merci Monoprix !
On enseigne le marketing poétique du côté de Jouy à présent?