Elle s’appelle Béatrice Bonnafous. Elle peint des ascendances, qui surgissent de ses tableaux comme autant d’éruptions de matière colorée en forme de triangle, la pointe en bas. Elle peint des météores, qui percutent ses toiles dans d’intenses énergies elliptiques rouges, bleues, noires, dont elles sont irradiées. J’ai toujours aimé la puissance magmatique de sa peinture, comme un travail sur les forces primitives qui violentent le monde et nous-même, comme une confrontation héroïque avec notre intime et cosmique chaos.
Elle peint aussi aujourd’hui des courbes, des sinuosités, des méandres, dans une série qu’elle nomme « l’un dans l’autre », dans laquelle je vois des rencontres, des ondes de choc, des frontières bousculées, des circulations de sang et de sève, des fleuves galactiques, des cellules qui palpitent, des accidents énormes ou minuscules, et quelque chose comme des fragments, à toute échelle, de la vibration de la nature primordiale, dans son aveugle et essentielle ardeur.
Je recommande à ceux qui le peuvent d’aller voir son exposition qui se tient dans un lieu discret et fort élégant, l’Atelier V, 5 rue Casimir Delavigne (Paris 6è), jusqu’au 20 décembre.