Jacques Sadoul est mort vendredi, à l’âge de 78 ans. Je l’ai connu alors qu’il était le directeur littéraire de J’ai lu, et qu’il avait fait de cette maison de “poches” le temple des cultures populaires et parallèles, de la SF au polar et de la BD à l’Aventure mystérieuse, en passant par le New Age… Difficile d’imaginer un homme à la curiosité aussi vaste. Il s’intéressait à tout, et dans tout ce qu’il observait, il trouvait de quoi allumer une lueur malicieuse au fond de ses yeux vifs. Son humour à froid était légendaire. Je me souviens qu’il m’avait raconté : « Lorsque je rencontre pour la première fois une jeune femme (auteure, agent, éditrice), je lui propose toujours un rendez-vous à l’hôtel. Je parle évidemment du bar de l’établissement nommé l’Hôtel, rue des Beaux Arts (celui-là même où mourut Oscar Wilde), mais le trouble que suscite l’ambiguïté de la formulation chez la plupart de mes interlocutrices m’amuse beaucoup. Comprenez-moi bien, Jean-Pierre, je ne leur fais en aucun cas une proposition malhonnête, mais celles qui disent spontanément “oui” me sont plus sympathiques que les autres.»
Je me souviens aussi de l’aide qu’il m’avait apportée au moment de la création de 00h00, en nous confiant des livres rares, sur la sorcellerie, l’alchimie, les loups-garous, et toutes sortes de savoirs occultes et fantastiques dont il était un remarquable expert…
Nous nous étions retrouvés il y a peu sur Facebook. Le 24 décembre, il avait écrit : « Josette (NB: sa femme) et moi souhaitons à tous nos amis un bon mois de janvier. Au-delà il me semble difficile de s’engager, mais, après tout, qui sait ? » Le 6 janvier, un de ses derniers “posts” confiait : « Je suis un mécréant et je ne reconnais pour dieu que l’immortel Shamphalaï (malheureusement aujourd’hui décédé)».
C’est une belle phrase de conclusion, je trouve, de la part de l’immortel Jacques Sadoul, malheureusement aujourd’hui décédé.