Au début de ma carrière professionnelle, j’ai travaillé dans un grand groupe. J’étais à l’époque animé d’une ambition raisonnable, et je me voyais grimper vite et haut dans la hiérarchie. Pour y parvenir, on m’avait donné le conseil, dès que j’arrivais dans un poste, d’identifier mon successeur. Je l’ai scrupuleusement suivi. Ce fut en effet une façon de ne pas être perçu comme inamovible, et d’être en permanence libre de monter.
Cependant, lorsqu’on touche les hautes strates, la logique pourra s’inverser. On cherchera à conserver sa place, on se voudra indispensable, et l’on éloignera prudemment de soi ceux qui seraient capables de vous remplacer.
En politique, c’est particulièrement vrai. J’observe qu’on y met largement autant d’énergie à savonner la planche à ses héritiers qu’à combattre ses adversaires. Dès qu’on se plait dans un siège, on voit le danger partout.