Voici quand même l’histoire dont je me suis détourné avant-hier : une dame, très bècebège donc, la soixantaine alerte et distinguée, se promène avec son petit-fils. Il est très jeune, trois ou quatre ans, joliment habillé (toute la famille est visiblement assez prout-prout) et il traine à deux pas derrière elle. Il est fatigué. Le temps est froid. Soudain, il s’arrête :
– J’en ai marre.
La grand-mère, interloquée :
– Pardon ? Ce sont tes parents qui t’apprennent des gros mots comme ça ?
– Oh, ils en disent d’autres !…
– Je ne veux pas les entendre.
On voit qu’il est exaspéré. Il a envie d’être insolent. Il cherche dans sa tête un vocable qui pourrait vraiment la choquer.
– Par exemple…
– Tais-toi ! lui ordonne-t-elle.
Mais ça y est, il a trouvé un mot qu’il sait abominable. Il hausse la voix, et sur un ton aussi grossier que possible :
– Par exemple : ça caille !