Voyager, c’est passer des ponts. A la frontière entre le Costa Rica et le Panama (ci-dessus), les poutrelles métalliques s’enchevêtrent, des rembardes disparates servent de garde-corps, de lourds madriers disjoints maquillent une voie ferrée en chaussée pour poids lourds. Les traces des interventions et des bricolages successifs sont visibles. Une ligne télégraphique accrochée aux armatures achève de rompre la symétrie de l’ouvrage. Le tout donne une impression brouillonne, presque tremblante. On imagine sans mal la structure vibrer au passage du camion.
Au Pérou (ci-dessous), non loin de Cuzco, c’est le contraire. Les lignes sont nettes, affirmées, puissantes. La perspective du pont dessine un M solide et hiératique, comme un sceau frappé au coeur de la jungle. Ses empattements larges et ses proportions dégagent une idée de force et de stabilité. Pour les randonneurs, c’est la marque, muette mais presque majestueuse, de l’entrée sur le territoire du Machu Picchu.