Delacroix, Socrate et son démon. Bibliothèque de l’Assemblée Nationale
Longtemps, j’ai eu le sentiment de n’être jamais tout entier dans ce que je faisais ou disais. J’avais toujours l’impression qu’une petite part de moi s’était échappée et dansait au-dessus de ma tête, tout en pouffant de rire.
C’était du temps où je menais une vie convenable, socialement valorisée, et prévisible. C’est moins vrai aujourd’hui. Car mon petit fou intérieur mène désormais mon existence. Sa liberté tendre et insolente n’est plus en lisière de mes actes : il en a en quelque sorte pris le contrôle. C’est lui qui a évincé mon gros surmoi conventionnel, lequel a pris en retour sa place de daimon d’où il s’offusque, de temps en temps, lorsque je ne remplis pas des papiers qui m’ennuient, ou que je ne me préoccupe plus assez des questions d’argent.