Le temps n’étant pas chose extensible, les matières qui sont enseignées aux élèves se retrouvent en compétition les unes avec les autres, et se disputent les heures disponibles. A Sciences Po, il parait qu’on assiste en ce moment à une grande offensive de l’économie, matière considérable par excellence, laquelle voudrait bien réduire à la portion congrue, voire à néant, les petits enseignements qui lui font concurrence, comme celui de parler en public dans lequel j’interviens.
Musicales en Auxois © Le Bien Public
Vu l’état de l’Europe et du pays, il ne me semble pas que les économistes aient fait la démonstration qu’ils maîtrisaient leur sujet. Mais comme ils ne sont en général pas entre eux du même avis, sauf pour ce qui concerne l’importance de leur savoir, cela ne les dérange pas d’apprendre aux élèves ce qu’il faut faire, ou faudrait faire, ou aurait fallu faire, pour juguler la dette, relancer la croissance, soutenir l’emploi, et d’affirmer cacophoniquement qu’ils détiennent, ou détenaient, ou auraient détenu, chacun, la clé de ces capitales décisions. Moins on comprend la question, plus on l’enseigne. Je ne dis pas qu’en soi ce soit une mauvaise chose, j’ai d’ailleurs déjà commenté ici favorablement le précepte de mon grand-père professeur qui disait « Que ceux qui n’ont rien compris expliquent aux autres ». Mais faut-il, pour cet exercice, sacrifier d’humbles et modestes matières qui ne prétendent pas sauver le monde, juste vous mettre bien avec soi ?
Effectivement, si l’on en juge à l’impasse où nous ont entraîné les économistes européens, il semble urgent qu’ils enseignent leur art à leurs successeurs…