© Picasso Le peintre et son modèle
Quand j’éclate de rire, ma voix forte, c’est toi
Quand mon corps devient ivre, son eau-de-vie, c’est toi
Quand mon esprit chavire, la déraison, c’est toi
Quand je suis dans la nuit, ma bergère, c’est toi
Quand l’orient va pâlir, l’aube rose, c’est toi
Quand je marche au désert, la brûlure, c’est toi
Quand l’espace est ouvert, la liberté, c’est toi
Quand le monde se tait, le silence, c’est toi
Quand j’ai le cœur léger, la fantaisie, c’est toi
Quand le lilas embaume, le vent du soir, c’est toi
Quand je hurle à l’amour, l’embrasement, c’est toi
Quand la graine est féconde, la récolte, c’est toi
Quand ma bouche rend grâce, la prière, c’est toi
Quand j’ai des certitudes, l’étonnement, c’est toi
Quand ma poitrine saigne, la blessure, c’est toi
Quand j’ai tout oublié, mon souvenir, c’est toi
Quand le ciel se referme, l’espérance, c’est toi
Quand les années m’emportent, l’instant présent, c’est toi
Quand je tombe à genoux, notre terre, c’est toi
Quand j’implore la paix, la colombe, c’est toi
Quand volera ma cendre, ce tourbillon, c’est toi
(d’après Rumî)