L’autre chanson phare, pour moi, dans ce disque de Pete Seeger étrangement méconnu (je ne l’ai vu cité dans aucune des nécrologies que j’ai lues), s’intitule Words words words. C’était deux ou trois ans avant le Paroles, paroles de Dalida et Delon, mais surtout : c’était autre chose…
Il y a dans les paroles de cette chanson une nostalgie infinie : celle de ne pas être à la hauteur des mots que nous prononçons, celle de parler sans vraiment comprendre, celle de savoir que les mots sont pleins d’un sens qui nous est inaccessible, et s’évapore au moment où ils pourraient transfigurer le monde. Et la musique, avec son étonnant ritardando, (un ralentissement progressif marqué qui s’opère ici dès le début et dont je ne connais pas d’autre exemple) force l’écoute de ces paroles avec la plus impérative douceur.
Words, words, words
In songs and stories
How much of truth remains ?
If I only understood them,
And if my life pronounced them,
Would not this world be changed ?
(Des mots, des mots, des mots / Dans les chansons, les histoires / Qu’est-ce qu’il y a de vrai là-dedans ? / Pourtant si je les comprenais / Et si ma vie les prononçait / Le monde, peut-être, en serait-il changé )
Pete Seeger et Bruce Springsteen Lincoln Memorial 2009 © AFP Mandel Ngan
Magnifique chanson que je ne connaissais pas. Merci. Pete a laissé un exemple de vie bien menée, sans conccession, et un trésor de chansons soit de son cru, soit qu’il a fait revivre et rendues populaires. Lui reste un trésor national, non, international.