Grand chelem

J’aime le rugby. J’y ai joué un peu. Je n’y ai guère brillé. Mais j’ai toujours suivi avec passion les matchs de l’équipe de France. Ça me vient de mon grand-père. Quand nous étions enfants, mon frère et moi les regardions avec lui devant sa télé en noir et blanc. Il vibrait tellement à ce spectacle que ma grand-mère lui disait : Calme toi, Jo, tu vas refaire un infarctus !

Plus tard, il m’est arrivé souvent (en cas de victoire, car les lendemains de défaite je n’aimais pas remuer le couteau dans la plaie) d’acheter L’Equipe pour y lire la chronique lyrique que tenait Denis Lalanne. Les faits du match prenaient une dimension épique, les joueurs se transformaient en héros d’une chanson de geste toujours recommencée. Achille, Ajax, Ulysse, n’en avaient pas fait davantage sous les remparts de Troie que le XV de France à Colombes.

Aujourd’hui je retrouve ce souffle épique dans The Guardian. Au lendemain de la défaite de l’Angleterre au stade de France, l’une de leurs plumes, Jonathan Liew, écrit : « Ce fut féroce et implacable, mais fallait-il s’attendre à autre chose ? Le grand chelem de la France n’est pas seulement une victoire des vingt-trois hommes en bleu, ni même de la nation qu’ils représentent (…) C’est aussi à bien des égards une victoire pour le rugby moderne lui-même, pour l’idée qu’une équipe peut combiner la vaillance et l’amusement, l’art et la science, la discipline et l’invention, la structure et le chaos, le passé et l’avenir. »

On peut à maints égards critiquer les Anglais, mais ils savent apprécier le jeu et rendre hommage à l’adversaire.

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