La mer et le rocher

Parfois, je pense à notre couple comme à la mer et au rocher.

Elle, c’est la mer. Nous nous réveillons le matin dans les bras l’un de l’autre, et elle parle. Ses paroles sont sensibles et puissantes, ses phrases sont comme des vagues qui viennent battre sur moi sans hâte, avec constance, et si je dis battre, c’est que je les entends comme un prolongement des battements de son coeur.

Moi je ne dis rien. Je suis silencieux et immobile. Je sais que de temps en temps mon silence lui pèse, comme il me pèse à moi-même – oh! combien j’aimerais quelquefois me mettre à parler, et danser, devenir liquide comme elle, laisser s’écouler mon trouble, mettre en mots ces pensées indistinctes qui deviendraient peut-être, si j’arrivais à les dire, une plainte ténue ou un murmure d’action de grâces.

Elle vient battre sur moi, dans un chant d’écume, puis l’heure s’avance, et ses paroles – marée descendante- se retirent. Rien, apparemment, n’a bougé en moi, sauf qu’elle m’a mouillé, éclaboussé, fécondé, imperceptiblement poli. Que le soleil lance un rayon, il me fera miroiter. Algues, crabes, coquillages, tous genres de vie primordiale me dessinent un visage éphémère, ébloui, souriant, qui fait au ciel un clin d’oeil en forme d’étoile de mer.

etoile-de-mer.jpg

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Le FIl

c’est un très beau message d’amour !

Clo

Tu as l’air de t’y connaître en cerfs, veaux et autres bêtes à cornes ! Laissons les poètes leurs préféfer les serpents volants (autre origine du mot) et inventer une sorte de charade ou de mots
croisés (au choix) qui peut donner en effet :
c.(o).e. (u).r.(s) v.o.l.e.n.t … il suffit de compléter les ellipses et de supprimer le (s) final – celui du Serpent dont on a déjà croqué la pomme depuis fort longtemps.

arbon

Tu penses à Victorien Sardou? “On s’enlace / Puis un jour / On s’en lasse / C’est l’amour”

Ou cherches-tu encore “la chanson que nous chantions hier? / Elle venait sur nos lèvres quand nous nous enlacions / Comment croire que si vite nous nous en lasserions?”

Souvenirs, souvenirs…

jacques langlois

S’enlacer, s’en lasser…voila qui me rappelle un petit refrain surgissant du passé.
Tant que nous y sommes, je remplacerais bien “cervolents” par “cerfs-volants” ou par “cerveaux lents”, …au choix de l’émetteur!

arbon

Oui. Sauf que nos coeurs s’enlacent et ne s’en lassent pas. 😉

Bertrand

Eh bien pour quelqu’un qui n’arrive pas à étendre ses sentiments sur l’oreiller, je trouve que tu les exprimes bien joliment sur cette toile de mer qui forme un ciel à l’envers où vos coeurs se
trainent et s’enlassent tels deux cervolents… Et si toi tu l’écoutes battre ton coeur, c’est parce qu’elle rythme ta vie.

Clo

J’aime l’image de la vague et du rocher. Dans cette conversation matinale de cœur à cœur, la parole se glisse aussi comme un souffle …

C’est peut-être le rôle de la femme – non pas de parler à tord et à travers (ce qui arrive parfois aux natures Tournesol) – mais d’ensemencer.

Dans Évangile du jour – Jésus-Christ selon saint Luc 13,18-21 – il est question du royaume de Dieu qui commence ici et maintenant.

À quoi ressemble-t-il s’interroge le Christ : « Il est comparable à du levain qu’une femme enfouit dans trois grandes mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. »

Et, quelques lignes plus haut, l’évangéliste rapporte ses paroles lumineuses :
« Un homme a pris une graine de moutarde et l’a jetée dans son jardin ; elle pousse et devient un arbre, et les oiseaux du ciel s’abritent dans ses branches.»